RESERVATION

LES 23 24 25 oct 2003 au LIEU UNIQUE GRAND ATELIER à 21 h


Theâtre du Rictus

Fin de partie
DE SAMUEL BECKETT

MISE EN SCENE LAURENT MAINDON

COPRODUCTION
SCENE NATIONALE DE CHATEAU GONTIER, THEATRE DU RICTUS
CORREALISE AVEC
ONYX, M.C.L.A., THEATRE UNIVERSITAIRE DE NANTES
AVEC L'AIDE DE
CONSEIL REGIONAL DES PAYS DE LOIRE
VILLE DE SAINT-HERBLAIN, VILLE DE NANTES,
CONSEIL GENERAL DE LOIRE-ATLANTIQUE

CONTACTS :

. 14 RUE HENRI BILLOT / 44 100 NANTES

. CHRISTINE CARMONA : 06 12 72 18 36
. LAURENT MAINDON : 06 89 77 67 54

. SITE : http://www.theatredurictus.fr

FIN DE PARTIE OU L'APOCALYPSE JOYEUSE

Tout est calme en cette fin d'après-midi nuageuse. Clov monte à l'échelle pour vérifier à la fenêtre si rien n'a changé à l'extérieur du refuge. Puis il prépare Hamm, aveugle et paralytique, qui finit sa sieste sur son fauteuil, avant de retourner dans sa cuisine regarder son mur.
D'humeur à jouer, Hamm siffle Clov, son fils adoptif, pour que ce dernier vienne lui donner la réplique. Alors commence la joute. Ils jouent ainsi à passer le temps, alternant les complicités et les piques, toujours à l'affût du moindre événement, Clov menaçant continuellement Hamm de le quitter et Hamm s'amusant avec Clov comme le chat avec la souris.


On a toujours l'impression de connaître Beckett, alors qu'il ne cesse de nous surprendre tant son écriture est radicale.
Auteur du silence et de l'épure, il n'est pas pour autant un auteur de l'abstrait. Chez Beckett, les personnages sont de chair et questionnent leur quotidien de la manière la plus directe, la plus déconcertante. Et c'est précisément là que surgit soudain à leur insu une philosophie. Chez Beckett, on philosophe sans en avoir conscience. Du coup les mots et les silences ne résonnent pas de manière psychologique et pesante, mais revêtent une légèreté déconcertante. La lucidité est implacable et sans retour.


Les burlesques américains comme Buster nous amenait à rire ou plutôt à sourire, précisément parce qu'ils semblaient victime, tantôt passive tantôt active, de leur destin. Beckett déroule cette veine et resitue la parole dans la transfiguration du banal. Désarmante et terriblement concrète. Ainsi dans Fin de partie est on amené à (sou)rire des choses les plus graves : du rapport dominé/dominant, de l'absence d'issue, de la quête des origines, du temps qui passe...


Le spectacle s'engouffre dans cette recherche de la naïveté d'apparence, dans cette lucidité dévastatrice, dans laquelle la gravité n'est pas jouée mais suggérée, où l'on s'émerveille de la beauté d'un grain de sable pendant que le sablier universel s'évide en continu. Nous n'interprétons pas la philosophie, mais du jeu naît une possibilité de philosopher.
LAURENT MAINDON
SAMUEL BECKETT

Samuel Beckett est né dans la banlieue de Dublin en 1906 et meurt à Paris en 1989. Prix Nobel de littérature en 1969. Ecrivain d'origine irlandaise ayant écrit la plupart de ses œuvres en français. Auteur de poèmes, de nouvelles et de romans, d'œuvres dramatiques mais aussi de nombreux "textes" généralement courts, difficilement classables selon les catégories traditionnelles des genres, il a joué un rôle central pour le renouvellement d'une écriture contemporaine marquée par la crise du récit et il a introduit l'exploration à travers le théâtre de nouveaux rapports du personnage à l'espace, au temps et au langage.

Romans et nouvelles
Bande et sarabande
Murphy
Watt
Premier amour
Molloy
Malone meurt
L'innommable
têtes mortes
Le dépeupleur
Compagnie....

Théâtre
Eleutheria
En attendant Godot
Fin de partie
Tous ceux qui tombent
La dernière bande
Oh les beaux jours
Comédie....
24 OCTOBRE 1968


"Je l'observe à la dérobée. Il est grave, sombre. Les sourcils froncés. Le regard d'une insoutenable intensité. Alors que me gagne un certain affolement, je me force, sinon à parler, du moins à produire un son. Et c'est d'une voix à peine audible que je commence à lui expliquer qu'à vingt deux ans, j'avais essayé de lire Molloy. Que je n'avais rien compris à cette œuvre, ni rien soupçonné de son importance. Que curieusement, et sans même avoir l'intention de les lire, je m'étais procuré les ouvrages qu'il avait publiés par la suite. Qu'au printemps 1965, et tout à fait par hasard, j'avais parcouru une dizaine de lignes des Textes pour rien. Que je n'avais pu lâcher ce livre et l'avais dévoré avec passion. Que je m'étais ensuite jeté dans son œuvre et en avais été bouleversé. Que j'avais lu et relu chacun de ses ouvrages. Que ce qui m'avait impressionné, c'était cet étrange silence qu'on ne peut atteindre qu'à l'extrême solitude, quand l'être a tout quitté, tout oublié, qu'il n'est plus que cette écoute captant la voix qui murmure alors que tout s'est tu. Un étrange silence, oui, et que prolonge la nudité de la parole. Une parole sans rhétorique, sans littérature, jamais parasitée par ce minimum d'affabulation qui lui est nécessaire pour développer ce qu'il faut énoncer.
- Oui, convient-il d'une voix sourde, quand on s'écoute, ce n'est pas de la littérature qu'on entend. "

Extrait de Rencontre avec Samuel Beckett de Charles Juliet, éd. Fata Morgana

REACTIONS DE L'EPOQUE


La première mondiale de Fin de Partie a lieu non à Paris mais à Londres, où elle est donnée le 3 avril 1957 au Royal Court Theatre.

" La création en français au Royal Court avait été assez sinistre, c'était comme jouer devant de l'acajou ou plutôt du teck. Dans le petit studio des Champs Elysées, ça a accroché. Au Royal Court , Fin de Partie était presque une aberration. " (lettre de Samuel Beckett à M. Manning)

Propos de Roger Blin :

" Beckett avait sur son texte des idées toutes faites ; la forme compte énormément pour lui, ce qui nous valut quelques heurts ; par exemple lorsqu'il exigeait que certaine réplique qui revient tout le long de la pièce, nous la redisions exactement de la même façon, sur le même ton, comme une note de musique émise de façon invariable par le même instrument. Finalement nous étions terrorisés et nous avons joué trop fort. "

Critiques de l'époque :

" Personne, d'après-moi, n'a su mêler comme lui la dérision, l'humour et le comique avec le tragique. Ses paroles sont tragiques et comiques en même temps. Je crois que Beckett a rendu impossible un certain type de théâtre, comme Picasso a rendu impossible une certaine peinture. "

" Le génie de Beckett consiste à transformer quelques interrogations métaphysiques en situations amèrement cocasses, à donner à la tragédie le vêtement de la farce, à manifester ainsi ses vraies intentions. C'est bien la dérision de la condition humaine dont il se fait le chanteur et l'illustrateur. " (Maurice Nadeau, l'Observateur : 6 mars 1957)

" On pouvait se demander après Godot si une seconde pièce du même style était concevable, puisqu'en fait elle était la négation de l'action et du verbe, c'est à dire les deux éléments essentiels du théâtre… Aller plus loin semblait impossible… Fin de Partie, malgré son titre, malgré sa conclusion, malgré peut-être la volonté consciente de l'auteur, est l'amorce d' une remontée… Godot était une tragédie ou un drame, Fin de Partie malgré sa férocité, est une comédie. Elle est la caricature d'un monde qui est, alors que Godot voulait être le constat d'un néant presque absolu. " (P.A. Touchard, Le Monde : 3 mai 1957)

Réactions à la Censure :

" Je crains de ne pouvoir tout simplement accepter la suppression ou la modification du passage de la prière, qui me paraît indispensable tel qu'il est. Ce passage n'est pas plus blasphématoire que " mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné. " (lettre de Samuel Beckett à Georges Devine)

" Fatigué de me faire emmerder comme ça par des soldats de la garde, des fantassins, des hussards. Aucune alternative à " salaud " ne m'agrée. Je ne leur en est pas moins offert " porc " à la place, je ne peux définitivement pas aller plus loin. Si " porc " n'est plus acceptable, alors il n'y a rien d'autre à faire, que de donner la pièce en club ou de tout annuler. Je refuse simplement de continuer a jouer plus longtemps avec ces épiciers qui marchandent leur autorisation. " (lettre de Samuel Beckett à Georges Devine)

DISTRIBUTION


Hamm Gilles Blaise
Clov Yann Josso
Nagg Gilles Ronsin
Nell Laurence Huby

Mise en scène Laurent Maindon

Scénographie Christophe Garnier
Lumières Jean-Marc Pinault
Assisté de Alain Le Foll
Costumes Anne-Emmanuelle Pradier
Maquillage Carole Anquetil
Affiche Jean-Gilles Badaire


Réalisation décor Ateliers de la MCLA

Chargée de diffusion, Christine Carmona
Attachée de presse

PARTENAIRES

Coproduction Le Carré/Scène Nationale, Théâtre du Rictus

Coréalisation MCLA, Théâtre Universitaire de Nantes, ONYX

Avec l'aide et le soutien de :
Ville de St Herblain, Ville de Nantes, Conseil Régional des Pays de la Loire, Ville d'Ancenis, Conseil Général de Loire-Atlantique.

PRESENTATION DE L'EQUIPE ARTISTIQUE

Laurent Maindon, metteur en scène et auteur nantais né en 1964, a mis en scène notamment les pièces suivantes : Quartett d'Heiner Müller, Tête de poulet de György Spiró (création nationale), Premier amour de Samuel Beckett, Gustave n'est pas moderne d'Armando Llamas, Rivage à l'abandon/Médée matériau/Paysage avec Argonautes d'Heiner Müller Rouge, noir et ignorant d'Edward Bond, L'histoire du Soldat de Strawinsky.


Gilles Blaise, comédien et metteur en scène né en 1955, a fait ses débuts auprès de Robert Hossein après avoir suivi les cours du Conservatoire de Bordeaux. Comédien il a longtemps joué avec le théâtre de la Chamaille. Il se consacre également depuis 1993 à la mise en scène en adaptant des oeuvres de Rimbaud, Artaud, Bukowski...


Yann Josso, comédien nantais né en 1963, a longtemps tourné des spectacles one-man-show dans toute la France. Co-fondateur du Théâtre du Rictus, il a récemment joué sous la direction de Laurent Maindon, Gilles Blaise, Christophe Rouxel....


Laurence Huby, comédienne et chanteuse nantaise, née en 1970. Après avoir suivi la formation du Studio Théâtre de Nantes, elle a joué sous la direction de Christophe Rouxel, Jean-Luc Annaix, Laurent Maindon, Gao Xingjiang, Jean-Pierre Ryngaert...


Gilles Ronsin, comédien rennais né en 1951, a longtemps joué sous la directionn de Daniel Dupont, mais aussi Pierre Debauche, Bernard Lotti, Hervé Tougeron, Christophe Rouxel....


Christophe Garnier, né en 1965, décorateur et sculpteur, a longtemps travaillé comme décorateur au cinéma et à la télévision. Sculpteur, il a réalisé depuis quelques années plusieurs expositions collectives.